Le dĂ©veloppement fulgurant de la robotique et de lâintelligence artificielle (IA) questionne sur son encadrement technique, juridique, voire Ă©thique. Porteur de nouvelles opportunitĂ©s, de nouvelles ambitions, ces technologies sont Ă©galement sources de nouveaux dĂ©fis et risques dans tous les secteurs et domaines dâactivitĂ©.
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đ·Â La robotique, lâintelligence artificielle et la sĂ©curitĂ© au travail
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Les rĂ©flexions et dĂ©bats sur lâenjeu de la robotique et Ă lâIA nâont pas manquĂ© dans le domaine de la santĂ© et de la sĂ©curitĂ© au travail (SST). En effet, lâautomatisation des tĂąches cognitives et celle des tĂąches physiques quâimpliquent ces nouvelles technologies modifieront nĂ©cessairement le lieu et les conditions de travail.
Si plusieurs travaux, Ă©tudes et rapports portent sur le sujet, le constat communĂ©ment partagĂ©Â porte sur le besoin dâun cadre assurant aux utilisateurs :
- Une confidentialité de leurs données,
- LâĂ©quitĂ©,
- La responsabilité,
- La transparence.
Pour lâheure, les enjeux de SST liĂ©s Ă la robotique et Ă lâIA seraient couverts par 02 directives europĂ©ennes :
- La directive 2006/42/CE du 17/05/2006 sur les machines : mĂȘme si des ajustements de cette directive aux Ă©volutions en matiĂšre transition numĂ©rique, elle peut nĂ©anmoins ĂȘtre applicable Ă la robotique et aux systĂšmes basĂ©s sur lâIA.
- La directive 89/391/CEE du 12/06/1989 concernant la mise en Ćuvre de mesures visant Ă promouvoir lâamĂ©lioration de la sĂ©curitĂ© et de la santĂ© des travailleurs au travail : En ce quâelle opĂšre une approche gĂ©nĂ©rale de la prĂ©vention des risques professionnelles, elle permet de couvrir les risques inhĂ©rents Ă lâutilisation de robots et dâIA sur le lieu de travail.
đ Vers une rĂšglementation europĂ©enne spĂ©cifique Ă lâIA
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Les enjeux stratĂ©giques de la robotique et de lâIA ont conduit la Commission europĂ©enne Ă proposer une rĂšglementation spĂ©cifique Ă lâIA, en avril 2021. Il sâagirait de structurer cette filiĂšre Ă travers Ă un double objectif :
- Garantir aux utilisateurs et citoyens de lâUnion europĂ©enne un niveau Ă©levĂ© de protection en matiĂšre de santĂ©, de sĂ©curitĂ© et de droits fondamentaux,
- Assurer la libre circulation des biens et services fondĂ©es sur lâIA grĂące Ă un cadre juridique stable.
Quelles sont les apports majeurs de ce projet de rÚglement ?
Souple dans ses dispositions, le projet de rĂšglement distingue 3 types dâIAÂ :
- Celles qui sont purement et simplement interdites,
- Celles qui prĂ©sentent un haut risquepour la santĂ©, la sĂ©curitĂ© et les droits fondamentaux : au cĆur du projet de rĂšglement, les rĂšgles de mise sur le marchĂ© de ces IA sont particuliĂšrement exigeantes en termes de recueil dâinformations et de gestion des risques. La dĂ©finition de ces IA Ă©tant assez flexible, le fournisseur de systĂšme dâIA aura Ă dĂ©terminer, sur le fondement de diffĂ©rentes rĂšglementations sectorielles, si son systĂšme prĂ©sente un haut risque ou pas.
- Celles qui sont considérées comme ne présentant pas ou peu de risques.
Des procĂ©dures dâĂ©valuation de conformitĂ© sont prĂ©vues pour chaque type de systĂšme dâIA. Prenant la forme soit dâune auto-certification par le fournisseur, soit dâune certification de conformitĂ© par un tiers, les Ă©valuations de conformitĂ© pour les IA Ă haut risque devront se faire tout les 5ans, et Ă chaque modification substantielle du systĂšme. Pour les autres systĂšmes dâIA, la vĂ©rification de conformitĂ© devrait se faire grĂące Ă un « Code de conduite » dĂ©fini par le projet de rĂšglement, lequel Code pourrait vraisemblablement tendre vers lâĂ©laboration dâun programme de certification volontaire. En cas de non-conformitĂ©, les sanctions pourraient aller dâune amende de 10M⏠ou 2% du CA mondial de lâentreprise jusquâĂ 30M⏠ou 6% du CA mondial de lâentreprise.
En termes dâĂ©thique, le projet de rĂšglement entend interdire certaines pratiques en matiĂšre dâIA. Preuve de la souplesse dont fait montre le texte : parmi ces pratiques interdites, il y en a une qui serait interdite aux pouvoirs publics mais autorisĂ©e pour les entreprises privĂ©es : il sâagit de la mise en service ou lâutilisation de systĂšmes dâIA destinĂ©s Ă Ă©valuer ou Ă Ă©tablir un classement de la fiabilitĂ© de personnes physiques. En parallĂšle, certaines pratiques, en principe interdites, pourraient faire lâobjet dâautorisation sous certaines conditions.
Quoi quâil en soit, des obligations sont mises Ă la charge de lâensemble des acteurs : allant des utilisateurs dâIA aux Etats membres et les autoritĂ©s de surveillance du marchĂ©, en passant par les fabricants, les fournisseurs, distributeurs et importateurs de systĂšmes dâIA.
Afin dâassurer lâefficience du texte, il est crĂ©Ă© un « ComitĂ© europĂ©en de lâintelligence artificielle », lequel assurera les fonctions dâaccompagnement, de support et de conseil aussi bien auprĂšs des autoritĂ©s de contrĂŽle quâauprĂšs des Etats membres.
Se faisant pragmatique, le projet de rĂšglement comporte des dispositions qui devraient permettre Ă la Commission europĂ©enne dâadapter certains articles pour en assurer leur efficacitĂ©.
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â Â La robotique et lâintelligence artificielle au service de la normalisation
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Dans ce contexte oĂč lâautomatisation des tĂąches prend de plus en plus dâampleur, le recours Ă lâIA fait dĂ©sormais partie des projets de transformation numĂ©rique de lâAgence française de normalisation â AFNOR.
Le projet MARSS, pour « Machine Applicable Readable Standard et Standardisation », aurait pour finalitĂ©Â de rendre le contenu des normes (telles que lâISO 9001 sur la qualitĂ©) plus facilement exploitable. Cela se traduirait par lâintĂ©gration automatisĂ©e des normes dans la base numĂ©rique des utilisateurs grĂące Ă une complĂšte dĂ©matĂ©rialisation de ces normes et sans quâil nây plus besoin de lâintervention dâun ĂȘtre humain.
Pour lâheure, les normes en question sont accessibles : soit en version papier, soit en version PDF. Elles requiĂšrent donc le recours Ă un ĂȘtre humain pour leur traitement et leur intĂ©gration dans le process des utilisateurs.
En tout cas, le projet devrait ĂȘtre exploitable dâici 2030.
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Sources :
Eurogip, Intelligence artificielle : décrypter le projet de rÚglement européen
OSHA, La robotique de pointe et lâintelligence artificielle pour lâautomatisation des tĂąches au travail: situation actuelles et considĂ©rations pour la SST
AFNOR, Demain, les normes seront lues par les machines
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Arinasy AndrĂ©as RAKOTOLAHY â Juriste HSE