🏭 IED et graves dangers : suspension en vue ?

La Cour de justice de l’Union europĂ©enne (CJUE) a rĂ©cemment statuĂ© sur des questions prĂ©judicielles posĂ©es par le Tribunal de Milan concernant la directive IED.

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La Cour de justice de l’Union europĂ©enne (CJUE) a rĂ©cemment statuĂ© sur des questions prĂ©judicielles posĂ©es par le Tribunal de Milan concernant la directive IED.

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â„č Lorsqu’une question d’interprĂ©tation se pose sur l’application du droit de l’UE dans le cadre d’une affaire devant une juridiction nationale, le juge national peut saisir la CJUE afin d’avoir son interprĂ©tation sur la question, et reprendre par la suite le jugement de son affaire, sous certaines conditions.

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Quels sont les faits ?

Des rĂ©sidents de la commune de Tarente en Italie ont saisi le tribunal de Milan au sujet de la pollution causĂ©e par l’activitĂ© de l’usine Ilva, usine sidĂ©rurgique classĂ©e IED situĂ©e sur cette mĂȘme commune, et des dommages qui en rĂ©sultant pour la santĂ© humaine. Les requĂ©rants (rĂ©sidents) se fondent sur des Ă©valuations des dommages sanitaires rĂ©alisĂ©es au cours des annĂ©es 2017, 2018 et 2021 qui Ă©tablissent l’existence d’un lien de causalitĂ© entre l’altĂ©ration de l’état de santĂ© des habitants et les Ă©missions de l’usine IED Ilva.

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Quelles questions ont été posées à la CJUE ? 

Le tribunal de Milan a posé 3 questions à la CJUE :

  • L'Ă©valuation des dommages sanitaire est-elle obligatoire ?
  • Quelles sont les Ă©missions qui doivent ĂȘtre incluses dans l'autorisation environnementale ?
  • Quel est le dĂ©lai de l'exploitant pour se mettre en conformitĂ© avec les prescriptions de son autorisation ?

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Une interprétation large par la CJUE

La Cour de Justice de l'Union EuropĂ©enne (CJUE) souligne le lien Ă©troit entre la protection de l'environnement et celle de la santĂ© humaine. Ces objectifs, garantis par la charte des droits fondamentaux de l'UE, sont renforcĂ©s par la directive IED en question, qui vise Ă  prĂ©server le droit de vivre dans un environnement sain, assurant ainsi la santĂ© et le bien-ĂȘtre des citoyens.

Elle rappelle que la notion de "pollution" dans la directive IED inclut les atteintes à l'environnement et à la santé humaine. Par conséquent, l'évaluation de l'impact d'une installation IED doit intégrer ces deux aspects lors de la délivrance et du réexamen des autorisations d'exploitation.

Les exploitants doivent évaluer les incidences de leurs installations tout au long de leur durée d'exploitation. La CJUE insiste sur le fait que l'exploitant doit fournir des informations détaillées sur la nature, la quantité et les effets potentiels des émissions de son installation IED dÚs la demande initiale d'autorisation.

Seules les substances polluantes ayant un effet nĂ©gligeable sur la santĂ© humaine et l'environnement peuvent ĂȘtre exemptĂ©es de respecter des valeurs limites d'Ă©mission.

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Quelles sont les conséquences de cette décision ?

En cas de non-respect des conditions d'autorisation, l'exploitant doit immĂ©diatement prendre les mesures nĂ©cessaires pour rĂ©tablir la conformitĂ© de l'installation. En prĂ©sence de dangers graves pour l'environnement et la santĂ© humaine, le dĂ©lai pour appliquer les mesures de protection ne peut ĂȘtre prolongĂ© indĂ©finiment. Dans de tels cas, l'exploitation de l'installation doit ĂȘtre suspendue.

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💡 La Directive sur les Ă©missions industrielles (IED) est le principal instrument de l’Union europĂ©enne pour prĂ©venir et rĂ©duire les Ă©missions de polluants des activitĂ©s industrielles notamment via la mise en Ɠuvre des Meilleures Techniques Disponibles (MTD). DĂšs qu’un Ă©tablissement comporte au moins une installation visĂ©e par une des rubriques 3000 de la nomenclature ICPE, les dispositions spĂ©cifiques s’appliquent Ă  l’ensemble de l’établissement.

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Source : Site de la CJUE - ArrĂȘt de la Cour du 25 juin 2024

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