Le jeudi 2 mai 2024, lâAgence nationale de sĂ©curitĂ© sanitaire de lâalimentation, de lâenvironnement et du travail (Anses) a publiĂ© des lignes directrices pour lâĂ©tablissement de rĂ©fĂ©rentiels dâĂ©tiquetage du bien-ĂȘtre des animaux (viandes, poissons, produits laitiers, Ćufs).
đŁ Face Ă lâintĂ©rĂȘt progressif des consommateurs pour le bien-ĂȘtre animal et la volontĂ© de lâUnion europĂ©enne dâharmoniser les critĂšres qui varient selon les politiques nationales, lâAnses apporte, Ă travers ces lignes directrices, des dĂ©finitions et critĂšres scientifiques pour un Ă©tiquetage des produits alimentaire.
đź Qu'est-ce que l'on entend par « bien-ĂȘtre de l'animal » ?
LâAnses dĂ©finit le bien ĂȘtre dâun animal comme « l'Ă©tat mental et physique positif liĂ© Ă la satisfaction de ses besoins physiologiques et comportementaux, ainsi que ses attentes. Cet Ă©tat varie en fonction de la perception de la situation par l'animal » (Avis Anses, fĂ©vrier 2018).
Ce bien-ĂȘtre est gĂ©nĂ©ralement traduit par le principe fondamental des 5 libertĂ©s individuelles que sont :
- Lâabsence de faim, de soif et de malnutrition ;
- Lâ absence de peur et de dĂ©tresse ;
- Lâ absence de stress physique et/ou thermique ;
- Lâ absence de douleur, de lĂ©sions et de maladie ; et
- La liberté d'expression d'un comportement normal de son espÚce.
đŻQuels sont les objectifs visĂ©s par lâAnses ?
LâAnses recommande dâĂ©tablir des critĂšres, Ă lâimage du nutri-score, destinĂ©s Ă informer les consommateurs sur les conditions de vie des animaux.
Pour rappel, la commission europĂ©enne a inscrit lâopportunitĂ© dâun Ă©tiquetage du bien-ĂȘtre de lâanimal dans le calendrier de sa stratĂ©gie Farm to Fork 1 (de la ferme Ă la table).
Câest dans ce contexte que lâAnses sâest autosaisie le 16 septembre 2021 pour la rĂ©alisation dâune proposition de lignes directrices pour lâĂ©laboration de rĂ©fĂ©rentiels dâĂ©tiquetage du bien-ĂȘtre des animaux. Dans ce rapport, elle se fonde sur sa propre dĂ©finition du bien-ĂȘtre animal et prend en compte :
- Les donnĂ©es scientifiques pour Ă©tablir les critĂšres Ă considĂ©rer pour Ă©valuer le bien-ĂȘtre animal ;
- Toutes les espĂšces animales vertĂ©brĂ©es de production de denrĂ©es et leurs systĂšmes dâĂ©levage ;
- Les deux Ă©tages des filiĂšres de productions animales  que sont lâĂ©tage de sĂ©lection- multiplication et lâĂ©tage de production ;
- Les impacts de la gĂ©nĂ©tique sur le bien-ĂȘtre de lâanimal ;
- Les interactions entre bien-ĂȘtre et santĂ© des animaux ;
- Toutes les Ă©tapes de vie des animaux que sont lâĂ©levage, le transport et lâabattage.
đĄ Le Nutri-Score fournit au consommateur, sur la face visible des emballages alimentaires, une information lisible et facilement comprĂ©hensible sur la qualitĂ© nutritionnelle globale des produits.
𧩠Quelle serait la forme de cet étiquetage ?
LâAnses propose une classification du bien-ĂȘtre du meilleur (A) au plus faible (E). Ce dernier niveau correspond au strict respect de la lĂ©gislation europĂ©enne existante sur la vie en Ă©levage, le transport et l'abattage. Elle espĂšre quâĂ travers cet Ă©tiquetage les consommateurs se repĂšrent facilement et que les producteurs amĂ©liorent la prise en compte du bien-ĂȘtre de leurs animaux.
La rĂ©alisation de cet Ă©tiquetage nĂ©cessite lâinclusion de tous les facteurs de risques qui pourraient nuire au bien-ĂȘtre des animaux. En effet lâAnses en a identifiĂ© plusieurs tels que : les caractĂ©ristiques gĂ©nĂ©tiques, lâalimentation, les techniques dâĂ©levage, les pratiques et la formation de lâĂ©leveur, lâhĂ©bergement, la santĂ© , le recours Ă des pratiques douloureuses, la reproduction, le transport et lâabattage.
Pour chacun de ses facteurs un protocole dâĂ©valuation, reposant sur des critĂšres scientifiques associĂ©s Ă des indicateurs mesurables, ainsi que des voies dâamĂ©lioration du bien-ĂȘtre des animaux, est proposĂ©.
Cela consistera notamment Ă Ă©valuer si l'animal dispose d'une nourriture facilement accessible et adaptĂ©e Ă son espĂšce et son Ăąge, ou sâil est en mesure de satisfaire ses besoins comportementaux, comme le broutage pour les ruminants, le fouissage pour les porcs ou encore le picotage et le grattage pour les volailles.
đ Souligner l'importance du bien-ĂȘtre des animaux
LâAnses prĂ©conise que les indicateurs Ă Ă©valuer portent en prioritĂ© sur lâĂ©tat de bien-ĂȘtre de lâanimal, contrairement aux Ă©tiquetages existants qui tiennent uniquement compte des modes dâĂ©levage et des moyens mis en Ćuvre pour lâamĂ©liorer. Julie Chiron, coordinatrice dâexpertise Ă lâAnses estime que cela nâest pas suffisant dans la mesure oĂč  « un Ă©levage de poules pondeuses peut disposer de perchoirs, mais si les poules ne les utilisent pas parce quâils ne sont pas adaptĂ©s, cela ne contribuera pas Ă leur bien-ĂȘtre. »
LâĂ©valuation de ce bien-ĂȘtre prendra ainsi en compte toute les Ă©tapes de vie (Ă©levage, transport et abattage) ; les conditions de vie de la gĂ©nĂ©ration prĂ©cĂ©dente et les Ă©levages spĂ©cialisĂ©s dans l'amĂ©lioration des caractĂ©ristiques gĂ©nĂ©tiques et la reproduction.
đŹ La nĂ©cessaire intervention de divers acteurs
Le travail effectuĂ© par lâAnses est destinĂ© dans un premier temps aux scientifiques et parties prenantes françaises et europĂ©ennes qui projettent de construire un rĂ©fĂ©rentiel dâĂ©tiquetage du bien-ĂȘtre des animaux.
Ce rĂ©fĂ©rentiel devra donc ĂȘtre dĂ©clinĂ© pour chaque filiĂšre ou catĂ©gorie dâanimaux visĂ©e, et co-construit avec les diffĂ©rents acteurs du domaine (professionnels de lâĂ©levage, associations de protection animale et les scientifiques).
Il prĂ©conise par ailleurs de sâassurer que ce rĂ©fĂ©rentiel soit accessible et transparent, afin de permettre aux consommateurs dâĂȘtre informĂ©s sur les indicateurs pris en compte pour Ă©valuer le bien-ĂȘtre des animaux et obtenir un score global.
LâAnses dĂ©plore en ce sens les Ă©tiquettes existants tel que le label « poulet de chair », dont les cahiers des charges manquent de transparence et peuvent gĂ©nĂ©rer « de la confusion et des doutes chez les consommateurs ».
Enfin, le rapport prĂ©cise que le coĂ»t liĂ© Ă lâamĂ©lioration du bien-ĂȘtre des animaux et Ă son Ă©valuation devrait ĂȘtre pris en charge par lâensemble des acteurs concernĂ©s, au vu des enjeux Ă©thiques et de la demande croissante de la sociĂ©tĂ© pour une meilleure prise en compte du bien-ĂȘtre des animaux.
âčïž La premiĂšre dĂ©marche dâĂ©tiquetage du bien-ĂȘtre animal en France a Ă©tĂ© lancĂ©e en 2018 par lâenseigne Casino et des associations de protection des animaux, baptisĂ©e simplement « LâĂ©tiquette bien-ĂȘtre animal », pour les poulets de chair.  Lâinitiative couvre aujourdâhui 40 % des Ă©leveurs de poulets en France, pour 15 % de la production et est en cours dâextension Ă dâautres filiĂšres, notamment les porcs et les Ćufs.
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Sources :
Agriculture.gouv., le bien-ĂȘtre de l'animal qu'est-ce que c'est?
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